Le renouveau 1980-2015 

Le renouveau se produisit au début des années 1980, à l'initiative de Sylvain Roman puis de l'association « Renouveau campanaire provençal », dans des circonstances originales qu'il serait trop long de raconter ici.

Signalons simplement que le carillon de Forcalquier, grâce à son clavier manuel permettant le jeu traditionnel « à coups de poings », est le seul de toute la Provence à être reconnu par la Guilde des Carillonneurs de France. Seul en effet ce jeu donne au son des cloches toute leur musicalité (qu'étouffe complètement l'électrification des mécaniques), et par conséquent permet à l'art campanaire d'atteindre sa pleine dimension.

Les cloches de la Citadelle rythment musicalement l'année forcalquiérenne. On les entend pour les principales fêtes civiles et religieuses, les événements importants, et désormais tous les dimanches à midi, ainsi que, de plus en plus, les jours du marché.

Véritable blason sonore de notre ville, il rythme ainsi l'année forcalquiérenne, et voit des foules de plus en plus nombreuses monter à la Citadelle, non seulement pour mieux l'entendre (et aucun autre carillon ne s'entend déjà d'aussi loin, perchés qu'ils sont ordinairement dans des clochers ou des beffrois, où les bruits de la circulation couvrent très vite le son des cloches), mais aussi pour voir cette chose qu'on ne voit dans aucun autre carillon au monde : un carillonneur en train de jouer.

Par ailleurs, son répertoire se consacre essentiellement à l'interprétation des musiques traditionnelles de Provence et des pays d'oc, formant souvent des thèmes d'improvisations, alors que les autres carillons jouent un peu de tout.

Une autre originalité le distingue : il a repris en 1982 (et recommence cette année après une période d'interruption) les sonneries du Nadalet (autrement dit « Petit Noël »). Cette très ancienne coutume, commune à l'ensemble de l'Occitanie (et bien attestée également en Catalogne et dans d'autres régions d'Espagne), se pratiquait encore en Haute Provence au début du siècle dernier, sous le nom d'Antiennes de la neuvaine de Noël. (Les anciens les appellent encore aujourd'hui à Forcalquier Les « O » de la Vierge, car on chantait ensuite à l'église, après leur appel, des litanies latines commençant par ce « O » exclamatif.) Sorte de compte à rebours carillonnant l'approche calendale, le Nadalet retentit chaque jour du 17 au 24 décembre.

Les sonneries du Nadalet
(en français « Petit Noël »)

Cette très ancienne coutume, commune à l’ensemble des pays d’Oc (et bien attestée également en Catalogne et dans plusieurs régions d’Espagne), se pratiquait encore en haute Provence au début du siècle dernier, sous le nom d’Antiennes de la neuvaine de Noël. Les anciens les appellent encore aujourd’hui à Forcalquier Les « O » de la Vierge, car on chantait ensuite à l’église, après leur appel, des litanies latines commençant par ce « O » exclamatif. Beaucoup comprenaient alors qu’il s’agissait des « eaux de la Vierge », prélude à sa maternité imminente… Quant aux enfants, on leur expliquait qu’on sonnait là le glas de la dinde… Dans sa forme actuelle – une sorte de compte à rebours carillonnant l’approche calendale, imaginée à l’origine par Jean-Pierre Carme, le carillonneur de Castres, qui est venu inaugurer notre nouvel instrument – le Nadalet retentit chaque jour du 17 au 24 décembre. Celui de Forcalquier se distingue de tous les autres, en ce qu’il offre chaque année un thème différent. Cette pratique occitane est aujourd’hui reprise par des carillonneurs de la partie nord de la France.




La « une » du livret de quelques Nadalets passés(contenant le programme détaillé, des explications sur le programme choisi, et les nouvelles de l'année carillonnée forcalquiérenne).

Etat du carillon avant sa rénovation

Toutefois, le bâtiment de 1939 était de piètre qualité. Construit en parpaings de mâchefer, orné de tuyaux de fibrociment en guise de colonnettes, couronné d'un improbable mélange de tuiles, de ciment et d'éverite, plus petit que l'ancien – dont il réintégrait un peu n'importe comment une partie des plâtres décoratifs – il offrait surtout, tant aux cloches et à leurs supports qu'à toute la partie mécanique, une protection extrêmement imparfaite contre les intempéries, voire contre le vol. Tout le tringlage métallique en particulier s'y dégrada assez vite, ce qui obligea à le refaire entièrement en 
1982.




Mais surtout, la solidité du bâtiment
laissait à désirer, et il ne cessait de se
dégrader. De plus, la nature même des matériaux employés à interdisait toute tentative de restauration de l'édifice.
Nous avons donc en fait 18 cloches, plus une qui sonne en volée. Dans celle-ci, qui existe encore, on peut identifier sans peine la cloche en si bémol offerte par une dévote demoiselle à la chapelle provisoire de 1856, et réinstallée dans le nouveau carillon

Pour la partie en bois de la mécanique, après certaines pluies (selon d’où venait le vent), son gonflement bloquait complètement les jeux, et le carillon devenait totalement injouable pendant plusieurs jours. Il arrivait même qu’on ne puisse récupérer toutes les notes qu’au bout de plusieurs semaines.




Quant aux poutres qui supportaient les cloches, une photo suffira à monter leur état de pourrissement. La municipalité avait depuis alors fait sonder ces poutres, et les avait sanglées. Mais cette solution ne pouvait être définitive.
Un autre des handicaps du carillon d'alors était de ne couvrir, et encore en partie seulement, qu'un octave et demie .
C’est pourquoi le Renouveau campanaire provençal  fit établir par la maison Paccard, d’Annecy, constructrice du premier carillon et de ses remaniements successifs, un projet de reconstruction totale de l’édifice, complétant en outre le nombre de cloches pour lui permettre un répertoire plus étendu, en portant leur nombre total (les cloches  anciennes comprises) à 25, soit.